Cannabis et autres stupéfiants: tests de dépistage disponibles
Des tests de dépistage rapide salivaire et sanguin sont disponibles sur le marché. Des dosages peuvent également être effectués au niveau urinaire. Ces tests permettent de prouver qu’une personne a consommé telle substance psychoactive. Dans certaines conditions l’employeur peut procéder à des tests salivaires de dépistage.
Tests de dépistage salivaire
Tests sanguins
Tests urinaires
Analyse des cheveux
Tests de dépistage salivaire
Les drogues passent dans la salive, il est donc possible de les dépister. Ces tests sont réalisés directement sur la personne.
Ce sont les molécules mères qui sont retrouvées dans la salive et non des métabolites. Les tests révèlent la consommation des 24 dernières heures.
Ces tests sont jugés assez fiables, mais il peut y avoir un taux d’erreur de 30 à 70% suivant les tests.
Un prélèvement de salive est considéré comme non invasif. Un échantillon de salive peut être recueilli en crachant dans un récipient, en balayant la bouche avec un coton tige ou en stimulant la production salivaire avec un bonbon acide, des cristaux d’acides citriques, ou en mastiquant un matériau inerte tel que le téflon.
Excrétion dans la salive du cannabis, de la cocaine, des amphétamines et des opiacés
Cannabis :
Il est très peu excrété dans la salive, mais le cannabis étant administré par la bouche, le THC est détectable plusieurs heures après la contamination de la bouche par la fumée inhalée. 30 minutes après avoir fumé un joint, la concentration de THC peut dépasser 100 ng/ml.
Le THC reste détectable durant 3 à 6 heures
Cocaine :
elle peut être détectée dans la salive entre 4 et 12 heures après une administration unique de drogue par voie intraveineuse, ou intranasale (sniffée) , ou inhalation ( fumée).
Amphétamines :
les molécules, amphétamine et métamphétamine peuvent être détectées pendant 2 jours dans la salive. De nombreux médicaments sont métabolisés en amphétamine et métamphétamine.
Opiacés :
L’héroine peut être détectée une administration unique par voie intraveineuse, ou intranasale (sniffée) , ou inhalation ( fumée).
Après injectoin intraveineuse, l’héroine est détectable pendant pendant moins d’une heure dans la salive, la 6-AM pendant 1 à 4 heures et la morphine pendant 12 heures.
Tests disponibles pour détecter des drogues dans la salive
- NarcoCheck
- TODA
- Biosensor : application Biosens
- Draeger Drug Test 5 000
- Innovacon
- Mavand
- Securetec
Tests de dépistage salivaires et sécurité routière
Depuis 2008 la police est dotée de tests de dépistage salivaire pour les stupéfiants ( article L235-2 du code de la route) : ce sont des tests de dépistage rapide utilisés pour le contrôle des conducteurs de véhicules, conduire sous l’emprise des stupéfiants est un délit.
Désormais en cas de résultat positif au test salivaire, les forces de l’ordre peuvent procéder à un second test salivaire, qui sera par la suite envoyé à un laboratoire d’analyses toxicologiques afin d’avérer la présence de substances stupéfiantes. Avec ce nouveau dispositif, le conducteur n’est plus dans l’obligation de se rendre dans un laboratoire d’analyse pour procéder à une analyse sanguine.
Tests de dépistage salivaires dans les entreprises
Depuis une décision rendue en 2016 par le Conseil d’Etat, les ces tests de dépistage salivaire des drogues ne sont plus considérés comme des examens biologiques et ne sont donc plus réservés à des professionnels de santé.
Un employeur ou l’un de ses représentants peut réaliser ces tests de dépistage de drogues dans la salive dès l’instant que les employés testés occupent des postes de sécurité dans l’entreprise et que les conditions de ces tests sont bien précisés dans le règlement intérieur.
L’employeur utilise un test multidrogues.
(Jusqu’en 2016, ces tests étaient considérés comme examen biologique : guide 2011 de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies, fiche 4.)
Le résultat d’un test salivaire ne peut pas conduire en lui-même à une sanction disciplinaire, ni à un licenciement pour faute.
Néanmoins, l »introduction et la consommation de drogue dans l’entreprise peut justifier le licenciement même en l’absence d’avertissement préalable, selon l’arrêt de la Cour de cassation du 1er juillet 2008.
Tests sanguins
Examen complémentaire demandé par le médecin du travail
Conformément à l’article R. 4624-25 du code du travail, le médecin du travail peut prescrire les examens qui lui semblent nécessaires pour déterminer l’aptitude médicale à un poste de travail.
Test sanguin dans le cadre d’une expertise demandée par un conducteur suite à un test salivaire positif dans le cadre d’un contrôle routier
Cet examen est réalisé par un médecin, ou un biologiste requis par l’officier de police.
Le médecin ou le biologiste réalise alors le prélèvement avec le matériel nécessaire mis à sa disposition par l’agent de police.
Ce dernier assiste au prélèvement.
Quatre familles de drogues sont nécessairement recherchées chez les conducteurs impliqués dans un accident de la circulation, ou auteurs d’une infraction ou susceptibles de conduire sous l’influence des stupéfiants : amphétamines, cannabis, cocaine et opiacés. Il s’agit d’un dépistage urinaire, qui s’il est positif, est nécessairement confirmé par une confirmation et une quantification dans le sang.
Tests de dépistage urinaire
De nombreux tests sont disponibles pour dépister les drogues et toxiques dans les urines en moins de 5 minutes : il suffit de déposer quelques gouttes d’urine dans un puits comportant le réactif.
La méthode est simple et consiste à déposer un très faible volume d’urine sur le test.
Un seul test permet de dépister plusieurs drogues, plusieurs tests sont disponibles, associant un nombre de dépistage variable.
Le protocole pour recueillir les urines dans le but d’analyser des substances psychoactives, doit être très strict ( au préalable, tout salarié doit être informé du protocole établi, qui doit figurer dans le règlement intérieur.) : les urines doivent être émises sur place, dans une pièce dépourvue de point d’eau ( l’eau de la chasse d’eau doit être colorée, aucun produit d’entretien tel que javel, détartrant, désodorisant, insecticide, savon, ne doit être présent dans la pièce de recueil de l’urine.
Le recueil se fait dans du matériel à usage unique incassable, aussitôt remis à l’assistante médicale à la sortie des toilettes.
Il faut vérifier :
- le PH : entre 4,5 et 8
- la température : de 32,5 à 37,5°
- la densité : de 1,007 à 1,035
- la créatinine urinaire doit être supérieure 450 mg/l.
L’analyse doit être faite par le médecin du travail en présence du salarié
- Si le test est positif et le salarié reconnaît avoir consommé des substances psychoactives, le dépistage est considéré comme positif.
- Si le test est positif, mais le salarié nie avoir consommé des substances psychoactives, il faut réaliser une confirmation en laboratoire par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse.
Cette analyse différée au laboratoire ne peut se faire que sur des flacons étiquetés au nom du salarié et signés par le salarié ( avec une encre indélébile). Il faut avoir 2 flacons, au cas où une contre-expertise serait demandée. Le premier flacon est à conserver au réfrigérateur et le deuxième est à congeler aussitôt.
Substances susceptibles d’être dépistées :
- ectasy, MDMA
- fenêtre de détection : 1 à 3 jours
- réactivité croisée : avec la famille des amphétamines
- métabolite : MDA ( apparenté à l’amphétamine)
- cannabis, tétrahydrocannabinol, THC
- fenêtre de détection : 2 à 3 jours en cas de consommation régulière sur plusieurs semaines.
- amphétamine, AMP
- fenêtre de détection : 1 à 3 jours
- réactivité croisée : suppresseurs d’appétit, phentermine, molécules ectasy like, benzphetamine.
- métamphétamines, MET
- fenêtre de détection : 1 à 3 jours
- réactivité croisée : métabolote de l’éphédrine, ranitidine, ecstasy, benzphetamine.
- Métabolite : AMP.
- cocaine, COC
- utilisation thérapeutique : stimulant ( respiré ou injecté), anesthésique (application locale)
- fenêtre de détection : 2 à 4 jours
- métabolite : benzoylecgonine, ecgonine.
- opiacés, MOP
- utilisation thérapeutique :douleur, toux
- fenêtre de détection :2 à 3 jours
- réactivité croisée : codéine, pas de réactivité croisée avec les morphiniques synthétiques.
- Métabolite : codéine et héroine métabolisés en morphine.
- Benzodiazépines : BZO
- utilisation thérapeutique : anxiolytiques
- fenêtre de détection : 2 à 3 jours dans le cadre d’une prescription régulière sur plusieurs semaines
- réactivité croisée : sertraline ( zoloft).
- antidépresseurs tricycliques, TCA
- fenêtre de détection : 2 à 3 jours
- réactivité croisée : pas de réactivité croisée avec les nouveaux antidépresseurs mais avec la carbamazépine (tégrétol).
- barbituriques : BAR
- utilisation thérapeutique : épilepsie, migraine, coma induit
- fenêtre de détection : 4 à 8 jours
- réactivité croisée : phénytoïne.
- buprénorphine : BUP
- utilisation thérapeutique : sevrage des opiacés, notamment de l’héroine ( subutex, buprenex, temgesic, suboxone)
- fenêtre de détection : 2 à 6 jours
- métabolite : nor-buprénorphine
- méthadone : MTD
- utilisé comme produit de substitution dans les dépendances aux opiacés.
- fenêtre de détection : 2 à 5 jours
- métabolite : EDDP, EDMP
Pour le test urinaire pour le cannabis :
On retrouve principalement le métabolite du THC : le THC-COOH.
En raison de sa forte lipophilie, le THC est libéré très lentement du tissus adipeux.
Après consommation de cannabis, le THC-COOH est encore présent jusqu’à 8 à 12 jours après la prise chez un fumeur régulier et jusqu’à 3 semaines chez un gros consommateur.
Un résultat positif dans les urines ne permet pas de faire la différence entre une consommation ancienne et une consommation récente.
Par ailleurs, pour échapper à la détection de leur toxicomanie, certains usagers recourent à l’adultération de leur urine qui va être testée ( en absorbant par exemple certains médicaments avant le prélèvement urinaire, en diluant le prélèvement urinaire) pour perturber le test de dépistage.
Passer à travers les tests de dépistage : substitution, dilution, adultération des urines et des cheveux : adultération in vivo et adultération in vitro.
C’est ainsi qu’il existe de nombreux produits pour fausser les résultats des examens : shampoings pour empêcher la détection des drogues dans les cheveux…
Les laboratoires sont désormais capables de rechercher systématiquement une adultération des urines avant de réaliser les tests.
Analyse des cheveux
L’analyse des cheveux permet de retracer l’histoire de l’addiction dans le temps
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- Santé et sécurité au travail
- Conduite de véhicules et addiction
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Sites Internet conseillés :
- Addictions : le portail des acteurs de santé
- Le cannabis et l’entreprise : réponses concrètes
- Site du gouvernement consacré aux drogues
- Observatoire français des drogues et des toxicomanies
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